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Pêcher le bar en estuaire est ma vraie passion.

Dans un premier temps nous allons aborder l'influence de la saison, de la disposition des lieux, des marées et de la météo sur les populations de bars et leur comportement :

Les bars d'estuaire :
L'estuaire, du fait de l'apport d'eau douce, est un milieu très riche biologiquement qui attire les bars qui y trouvent une nourriture variée : alevins, sprats, crevettes, crabes...

On peut distinguer 2 populations dans les bars d'estuaire :
- Les barsets ou bars juvéniles, pour des tailles qui vont de 4 à 40 cm, qui vivent en permanence dans l'estuaire.Ils y trouvent de la nourriture en abondance pendant la phase d'engraissement qui va les mener à l'âge adulte. Les plus petits sont présents en grand nombre dans la zone la plus haute de l'estuaire.

A peine plus grands que les leurres qu'ils attaquent les barsets sont d'une grande voracité, ce qui peut causer leur perte quand ils tombent sur des pêcheurs peu scrupuleux !
- Les bars adultes qui viennent se nourrir dans l'estuaire.

(Celui-ci faisait 2,5kg pour 60cm, pris au Z-Claw couleur "tacaud"...)
Certains sont présents dès le retour du frai au printemps. D'autres y viennent à l'automne pour se gaver de crabes très nombreux dans les estuaires.
Les bars juvéniles et les adultes se croisent à certaines périodes mais ne se mélangent pas, le cannibalisme n'étant pas rare chez les labrax, réalité confirmée par une étude scientifique dans un estuaire anglais.
A un moment donné si l'on prend des barsets on ne prend pas de gros bars, le bar se déplaçant par groupes d'individus de taille équivalente. C'est déja une indication importante : si votre leurre de surface est harcelé par des barsets de 30cm, il y a peu de chance que vous preniez un bar de 2 kg. Par contre les bars cohabitent très bien avec les mulets de taille équivalente et si vous voyez une ombre de belle taille parmi les algues la reconnaissance de l'espèce peut être difficile... Mais si vous voyez de petits mulets sautant et fuyant à toutes nageoires c'est qu'il y a un gros bar qui les a pris en chasse !

Les populations de bar suivant la saison :
- En hiver  : normalement les bars adultes quittent l'estuaire pour la pleine mer pendant la période de reproduction. Mais certains pêcheurs peu respectueux du repos hivernal m'ont rapporté la prise de beaux sujets en estuaire pendant l'hiver. Comme la période de reproduction varie grosso modo de février à avril, on peut penser qu'il s'agissait de bars "en retard" pour partir sur les frayéres au large.
- Au printemps : les bars adultes sont présents en petit nombre dans l'estuaire dès le mois d'avril même s'ils sont bien plus nombreux en mer à se gaver de lançons. La vraie saison de pêche commence au mois de mai avec le début du réchauffement de l'eau. Les spécimens que vous pouvez pêcher à cette époque sont très "affutés", bien moins gras qu'à l'automne et les combats ne vous décevront pas !
- En été : la pêche est difficile du fait de la luminosité importante, de la clarté des eaux et de la fréquentation de l'estuaire par un grand nombre d'embarcations. Les bars adultes sont présents mais très méfiants et la pêche se pratiquera de préférence au lever du jour ou au coucher du soleil voire même la nuit...
- A l'automne : les choses sérieuses commencent, les bars adultes rentrent en nombre dans les estuaires pour se nourrir abondamment avant le départ vers les frayères. Tous les espoirs sont permis si vous n'avez pas peur d'affronter les conditions climatiques parfois difficiles...

Les postes en estuaire :
Les estuaires sont tout sauf des canaux rectilignes, la largeur et la profondeur peuvent varier dans des proportions importantes formant des postes très variés. Généralement le lit de la rivière a la même configuration que le rivage : si celui-ci est en pente douce le fond sera dans la continuité, si vous avez un rivage abrupt le fond descendra aussi rapidement. Un bon poste pour la pêche du bar est un endroit où il y a du courant, des rochers et des algues. Mais une multitude d'endroits peuvent être prospectés :

- Le chenal : il correspond à l'ancien lit de la rivière pendant la dernière ère glaciaire il y a 10000 ans, quand l'estuaire actuel était une vallée très loin de l'embouchure. Il peut être très profond, 20m ou plus par endroits dans le Trieux. Le chenal est le lieu de passage ou de résidence de nombreuses espèces de poissons : bars bien sur mais aussi lieux, tacauds, dorades, etc...Remontez l'estuaire avec un bateau muni d'un sondeur, vous serez étonnés du nombre d'échos ! Malheureusement le chenal est souvent peu accessible aux pêcheurs du bord, ou alors là où il y a le plus de courant comme sous le pont de Lézardrieux...
A la sortie du port de Lézardrieux le chenal est très près du bord et vous avez des profondeurs de 10 à 12 m presque sous vos pieds et 20 m à portée de lancer, mais le courant est bien présent !


- Les tombants : dans certains endroits le chenal est relativement proche du bord et des profondeurs confortables, 5 à 6m, sont directement au pied des rochers. Ce sont des postes de choix, surtout s'ils sont garnis d'algues et frôlés par un courant conséquent.


- Les bordures rocheuses : très courantes en estuaires. S'il y a des algues, prenez le temps de les prospecter car les bars adutes en font de même. Ils y chassent les crabes, les crevettes, les petits mulets, etc...toute une vie aquatique se cachant dans l'ombre protectrice du goëmon.


- Les grèves : on appelle ainsi les plages un peu caillouteuses, vaseuses en haut de l'estuaire, sableuses vers l'embouchure. S'il y a des algues leur prospection peut être fructueuse, mais les bars adultes y sont encore plus méfiants qu'à leur habitude !


- Les vasières : qui ne connaît pas les vasières ne connaît pas l'estuaire ! Il faut avoir senti ses bottes aspirées par une vase très liquide pour apprécier à sa juste consistance l'élément le plus répandu dans les estuaires...Mais les barsets sont nombreux à parcourir ces étendues à la recherche des alevins, crevettes et autres vers qui s'y plaisent. Les mulets les fréquentent aussi assidument suivis parfois par des bars adultes...

- Les plateaux rocheux : assez rares dans les estuaires, se sont des postes remarquables surtout s'ils sont garnis d'algues et parsemés de crevasses garnies de sables.

- Les tables à huîtres : On en trouve beaucoup vers la sortie des estuaires. Excellents postes que les bars viennent visiter dès qu'il y a suffisamment d'eau.


- Les courants remarquables : j'ai eu du mal à trouver un nom pour ces endroits, souvent à sec à marée basse, que le flux de la marée renforcé par un rétrecissement de l'estuaire transforme en un courant parfois violent entre le bord et un rocher ou un amer. Les bars adultes, en s'abritant du courant, y guettent les sprats et autres poissonnets perturbés par le brusque renforcement du flot. Recherchez ces endroits où les bars se postent pour quelques minutes ou plus et où, pour une fois, vous êtes en meilleure position que les pêcheurs en bateaux !

. - Les arrivées d'eau douce : petit affluent, simple ruisseau ou source sur la berge, je les prospecte toujours soigneusement car elles sont riches en poissonnets et crevettes, ce qui attire bars et barsets...


L'influence des marées
:
Les marées : l'estuaire ne vit que par la marée qui le transforme et le façonne. Le pêcheur doit s'adapter à ce phénomène qui fait que beaucoup de postes ne sont pêchables qu'une heure tout au plus. Trop ou trop peu de courant et le poisson bouge, cherchant ailleurs les conditions qui lui permettront de se nourrir facilement : des proies en nombre et un courant qui lui permet de les attraper sans trop d'effort !
Deux choses importantes, les coefficients :
Petits coefficients : 30/40, les mortes-eaux sont un moment à part dans la vie de l'estuaire. Très peu de courant sauf à la descendante, un niveau de l'eau qui bouge peu et lentement. Toute la stratégie est à revoir, les postes habituels ne fonctionnent plus. C'est le moment de parcourir les grèves en cherchant les bars en maraude.
- Coefficients moyens : 50/80, l'estuaire respire normalement, les postes fonctionnent !
- Gros coefficients : 90/110, ce n'est plus à un estuaire que nous avons affaire : un filet d'eau à marée basse, un torrent parfois pendant le flux, et un lac immense à marée haute. Mieux vaut aller sur la côte où les bars quittent les profondeurs pour profiter de la manne d'une vie marine désorientée. Si vous voulez quand même pêcher en estuaire, choisissez plutôt la montante que la descendante où le courant est vraiment trop fort...
Et le moment de la marée :
- Marée basse : les bars sont au repos, planqués sous les algues ou dans une épave, attendant que le flux redonne vie à l'estuaire. Un leurre souple manié sans brusquerie peut les décider à donner un coup de gueule fatal.Vous pouvez faire de bonnes pêches à marée basse, à vous de trouver où les poissons se reposent !
- Marée montante : les bars montent dans l'estuaire, passant d'un poste à un autre, les barsets près du bord, les bars adultes plus près du chenal. C'est le meilleur moment, n'en perdez pas un instant !
- Marée haute : l'estuaire ressemble à un lac, vous êtes très loin du chenal, prospectez les bordures rocheuses et les tombants.
- Marée descendante : dans le Trieux le courant est nettement plus fort à la descendante qu'à la montante. Même avec un coefficient de 35 vous avez un courant appréciable. Certains tombants et courants remarquables fonctionnent mais différemment de la montante, vous pouvez avoir de très belles surprises !

La météo :
Les estuaires ont cet avantage qu'il est toujours possible d'y pêcher, même un jour de forte tempête. Mais il y a quand même des conditions meilleures que d'autres :
- Vent : j'aime bien les vents de sud-ouest, ouest et nord-ouest. Mais peu importe l'orientation finalement du moment que l'eau soit un peu ridée, ce qui rend le bar moins méfiant. La pétole voila l'ennemie, même si les leurres souples vous permettront quand même de prendre les bars collés au fond.
- Ensoleillement : le soleil n'est pas l'ami du pêcheur de bar car une forte luminosité le rend très méfiant et lui cloue le bec, sauf si le vent agite un peu la surface...Un temps couvert est bien meilleur !
- Pluie : une pluie fine ne me dérange pas, de grosses averses ne m'arrangent pas car elles lessivent les champs et les vasières et rendent l'eau couleur café au lait pour plusieurs jours. Même sans "lessivage" des vasières, un afflux massif d'eau douce n'est pas bon pour la pêche...
En résumé, grand soleil sans vent : sieste ; temps couvert avec un léger vent de sud-ouest et une petite bruine : à la pêche !

Voila je vous ai presque tout dit, sauf les coins où je pêche, mais rien ne remplace le plaisir de la prospection. Justement, en hiver ou en plein été, parcourez l'estuaire avec une bonne carte un jour de grande marée et prenez des photos à marée basse des endroits que vous viendrez pêcher au printemps ou à l'automne.

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